Michaël Jérémiasz - Interview avec un sportif paralympique - L’élévateur pour les particuliers

Michaël Jérémiasz est un sportif paralympique qui peut se réjouir de son parcours : des médailles d’or,une famille heureuse et épanouie, des voyages, du sport et la vitalité. Pourtant, sortir de sa propre maison représente un défi quotidien.

Sesame Access travaille avec Michaël pour développer une solution abordable appelée « l’élévateur pour les particuliers » afin d’offrir la possibilité aux personnes en fauteuil roulant de pouvoir franchir le seuil de leur porte sans le moindre effort.

L’interview - « L’élévateur pour les particuliers » de Sesame Access

1. Lors d’une interview, vous avez dit que « la vie est bien plus difficile pour les personnes handicapées lorsqu’il s’agit, entre autres, de trouver un emploi, une maison, d’accéder aux services de santé, au sport ou à la culture. Bien entendu, à notre époque, je trouve cela en tout point injuste et inacceptable ».

Pensez-vous que les produits de Sesame Access peuvent aider les personnes handicapées à mener cecombat quotidien avec plus de sérénité en rendant tout type de maisons/bâtiments plus accessibles ?

Toute les solutions visant à simplifier la vie sont les bienvenues. Il y a toujours une solution, parfois cn’est que du bon sens, parfois c’est l’argent, les connaissances ou l’innovation technologique. Les produits de Sesame Access permettent aux personnes en fauteuil roulant de se rendre où ils le souhaitent en toute liberté, et pas seulement où il leur est possible d’aller. En tant que personne en fauteuil roulant, je souhaite avoir la liberté de choisir et j’estime que Sesame peut contribuer à cela.

"Les produits de Sesame Access permettent aux personnes en fauteuil roulant de se rendre où ils le souhaitent en toute liberté, et pas seulement où il leur est possible d’aller."

2. Tout a commencé quand Yann, notre agent commercial français, est tombé sur votre commentaire sur Facebook. Vous recherchiez une rampe d’accès pour les fauteuils roulants qui ne dénote pas trop avec l’existant. Lorsque Yann vous a contacté pour vous parler de nos produits, quelles ont été vos premières impressions ?

J’étais sur le point de contacter des entreprises qui puissent installer une rampe d’accès pour ma maison. J’ai été conseillé par des amis, des solutions m’ont été recommandées, mais rien ne m’a vraiment convaincu. Lorsque j’ai découvert les produits de Sesame, j’ai été impressionné par l’offre de produits, ce n’était pas qu’un simple accès pour les fauteuils roulants. Leurs solutions sont respectueuses, elles préservent ma dignité. Je compte rester dans cette maison pendant des années, je souhaite donc un accès pratique et sûr. Le fait que l’accès soit dissimulé est un soulagement, c’est comme une voiture et on peut même le personnaliser.

"Lorsque j’ai découvert les produits de Sesame, j’ai été impressionné par l’offre de produits, ce n’était pas qu’un simple accès pour les fauteuils roulants. Leurs solutions sont respectueuses, elles préservent ma dignité."

3. Pensez-vous que proposer un accès moderne, fiable et discret pour les personnes en fauteuil roulant change l’expérience de ces personnes ?

Oui, nous souhaitons que tout le monde puisse profiter de cette expérience. L’important n’est pas tant de dissimuler, sinon de simplifier l’accès, il doit se fondre dans le décor. Les personnes handicapées ne veulent pas être différentes, nous souhaitons tout simplement plus d’inclusion. L’accès doit être facilité, ni plus ni moins.

4. Qu’aimeriez-vous dire aux autres athlètes handicapés à propos de nos produits ?

Certains athlètes pensent qu’ils sont surhumains de part leurs prouesses. Néanmoins, ils ne se posent pas souvent la question de l’accessibilité car ils ne veulent pas accepter qu’ils ont le droit de demander des aménagements. Le refus de vouloir utiliser un fauteuil roulant est un problème courant alors que cela ne devrait pas l’être, il est nécessaire de l’accepter. Il est possible d’être actif tout en ayant besoin d’aménagements pour les personnes handicapées. C’est un droit de prétendre à une vie plus commode et arrangeante. Il est nécessaire que les gens arrêtent de se limiter et recherchent une solution pour la maison de leurs rêves ou pour le bâtiment auquel ils ont toujours voulu accéder. Comme quiconque, nous avons le droit de rêver. Pour nous, la liberté de choix est essentielle et ces produits répondent à ce besoin.

"Comme quiconque, nous avons le droit de rêver. Pour nous, la liberté de choix est essentielle et ces produits répondent à ce besoin."

5. Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans nos produits ?

J’ai expérimenté tellement d’élévateurs. Certes, ils fonctionnent tous très bien mais leur utilisation est chaotique. Je suis séduit par sa capacité d’adaptation et par le fait qu’ils se fondent dans l’architecture existante. J’apprécie aussi que les escaliers puissent être utilisés normalement dans l’éventualité où le personne handicapée ne souhaite pas utiliser l’élévateur. Tout le monde peut y prétendre, il est aussi sûr que les autres élévateurs mais il est plus pratique.

"Je suis séduit par sa capacité d’adaptation et par le fait qu’ils se fondent dans l’architecture existante."

Nous avons aussi posé des questions à Michaël sur sa vie et ses expériences personnelles.

6. Dans quelle mesure cette accident de ski a impacté votre vie/mentalité et quels changements avez-vous constatés lors de votre rééducation et dans votre vie ?

L’accident de ski s’est produit pendant des vacances en famille dans les Alpes françaises. Je frimais devant ma famille et ai remporté le concours de saut mais suis mal retombé. Je me suis cassé la colonne vertébrale et les jambes. Pendant 18 mois, j’ai suivi une rééducation classique pour les paraplégiques. Ça a été très dur pour moi, et tout particulièrement pour ma famille, de s’habituer à cette nouvelle vie. Mes 2 frères m’ont vu skier, sauter et m’écraser. Ils ont vu l’accident, il leur a donc fallu beaucoup de temps pour s’en remettre. Le kinésithérapeute m’a aidé à me renforcer musculairement et à préparer mon futur dos. Je n’avais que 18 ans, j’étais étudiant, l’adaptation a été difficile étant donné qu’il y a peu d’étudiants en fauteuil roulant. D’une manière générale, j’ai bénéficié d’un soutien et d’un accompagnement incroyable. Le sport m’a aidé à m’adapter à mon nouveau mode de vie car il contribue à la remise en forme. Il m’a permis de rester en bonne santé, en forme, ce qui signifie que j’ai pu me renforcer tout en profitant de cette étape. Bien qu’il m’ait fallu des années pour me réadapter définitivement, je me suis pleinement investi pour redevenir actif. D’une manière générale, ça a été dur d’accepter l’handicap mais je m’y suis fait.

"Le sport m’a aidé à m’adapter à mon nouveau mode de vie car il contribue à la remise en forme."

7. D’une manière générale, diriez-vous que cet accident de ski a changé votre vie de manière positive ou négative, et pourquoi ?

Je n’aurais pas connu ce regard sur la vie sans cet accident, c’est donc difficile à dire. En revanche, je ne changerais pas ma vie actuelle. Je suis un athlète de haut niveau et j’ai gagné des médailles aux Jeux Paralympiques. J’ai aussi eu la chance de rencontrer ma femme, une kinésithérapeute, pendant ma rééducation. J’accepterais sans hésiter de vivre en fauteuil oulant pour la vie que j’ai à l’heure actuelle, avec ma femme et mon fils.

8. Quel est votre objectif personnel dans la vie ?

Mon objectif personnel dans la vie est d’être heureux. Je veux en profiter au maximum.

"Mon objectif personnel dans la vie est d’être heureux. Je veux en profiter au maximum."

9. De quelle manière la pandémie a-t-elle affectée votre passion pour les sports ?

J’ai bien entendu été affecté, comme tout le monde. Nous avons tous souffert d’une manière ou d’une autre. La pandémie est apparue au moment où je m’entraînais pour participer à l’Ironman, où je travaillais dur et observais une réelle progression. J’ai donc subi de nombreuses frustrations pendant la pandémie puisque je ne pouvais plus m’entraîner ou participer à des compétitions. Les compétitions ont été annulées, tous sports confondus, et les installations sportives étaient fermées. Je l’ai mal vécu car je ne pouvais même plus faire de sport, un de mes passe-temps favoris depuis toujours. J’étais frustré même si je pouvais toujours profiter des sports d’extérieur et d’un espace dédié au sport pour m’exercer à la maison. La pandémie m’a aussi permis de passer plus de temps avec ma famille, ce qui n’aurait pas été possible autrement, une vraie aubaine car je suis en général très occupé.

10. Qu’est-ce qui vous inspire ?

La capacité des gens à rebondir et à s’adapter aux évènements de la vie. À l’heure actuelle, tous les êtres humains font face à de l’adversité et voir des gens surpasser des défis m’inspire à en faire de même et à continuer à avancer.

11. Quels ont été les Jeux Paralympiques auxquels vous avez préféré participer et pourquoi ?

D’une manière générale, les Jeux Paralympiques de Londres en 2012 ont été extraordinaires, le public a été incroyable et tellement enthousiaste tout au long des Jeux. Les Jeux Olympiques de Londres ont ainsi conduit au plus important changement pour les Jeux Paralympiques puisque les pays ont décidé de célébrer les sportifs paralympiques de la même façon que les sportifs olympiques traditionnels. Ça a été un grand moment, une belle récompense pour nous tous. C’est aussi un très bon moyen d’encourager l’égalité à travers le monde et d’aspirer les gens à croire en eux. J’ai aussi pris beaucoup de plaisir à participer aux Jeux Paralympiques d’Athènes en 2004. C’était mes premiers Jeux et j’y ai gagné 2 médailles. Bien entendu, j’ai été très surpris de réaliser un tel exploit. Les Jeux Paralympiques de Pékin en 2008 m’ont également beaucoup plu, au-delà de ma médaille d’or. Les Jeux Paralympiques de Rio de Janeiro en 2016 n’ont rien à leur envier non plus, d’autant plus que j’ai eu l’honneur d’être porte-drapeau. C’est une vraie chance, cette expérience m’a beaucoup touché.

12. En tant que personne en fauteuil roulant, quels sont les défis auxquels vous vous êtes confronté ?

Toute sorte de défis. Cependant, les 2 principaux sont le regard de la société et la liberté. La société a tendance à dédaigner les personnes handicapées et la discrimination est forte, bien que vous ne le réalisiez peut-être pas. Je suis français et les personnes handicapées représentent le plus important groupe de personnes victimes de discriminations en France. Les bâtiments sont rarement accessibles, ce qui m’empêche de me déplacer librement, c’est injuste. Je passe donc souvent à côté de certaines choses. L’accessibilité est essentielle et lorsque votre vie bascule dans l’handicap, vous comprenez tout d’un coup ce que signifie une porte accessible. Je dois anticiper mes déplacements à venir pour m’assurer de pouvoir rentrer et d’être indépendant. J’en souffre car je ne peux pas me rendre partout, certains endroits n’ont pas la volonté ou les fonds pour devenir accessibles.

13. Selon vous, quelle ville est la plus/la moins accessible ?

Les États-Unis et l’Australie sont sans doute les pays plus accessibles. Les États-Unis sont très accessibles. Le pays le moins accessible est la France. Un jour, j’ai gravi le Mont-Saint-Michel. Il y avait des centaines de marches, mon frère a dû me porter sur son dos tellement l’accès était difficile. L’accès dans les pays du nord de l’Europe est acceptable. La France, l’Espagne et le Portugal sont des pays très peu accessibles à part les grandes villes comme Barcelone et Madrid. L’accès dans les pays d’Afrique et d’Asie est aussi très compliqué.

14. Que ressentez-vous lorsque vous rencontrez de plus jeunes athlètes qui affirment que vous êtes une source d’inspiration pour eux ?

En réalité, il n’y a qu’en France où je suis un peu connu et où j’inspire des athlètes et des personnes en fauteuil roulant. Mon statut d’athlète de haut niveau fait de moi un exemple. Cette idée vous aide à réaliser tous vos accomplissements sportifs. Je ressens une certaine responsabilité pour contribuer au changement de la société et tendre vers un monde meilleur. J’ai aussi le devoir de me sentir concerné et de changer la vie des gens, et je considère que pouvoir impacter quelques personnes est déjà satisfaisant. D’une manière générale, c’est très gratifiant. Si je peux me rendre utile pour les autres, j’en suis ravi.

15. Qu’est-ce qui vous a fait réaliser que vous souhaitiez vous professionnaliser dans votre sport ?

J’ai joué au tennis pendant 13 ans, j’ai beaucoup joué quand j’étais plus jeune, bien que ça n’ait jamais été mon sport favori. Cependant, suite à mon accident, j’ai essayé le tennis en fauteuil roulant et j’y ai pris goût, d’autant plus que je n’étais pas mauvais. J’ai alors commencé à jouer et à participer à des compétitions locales, nationales puis mondiales. Ça m’a aidé dans ma rééducation et j’ai pris beaucoup de plaisir, j’ai donc continué sans la moindre hésitation.

16. Où vous voyez dans 5 ans ?

Je me vois encore vivre à Londres, ce qui fera 6 années ici. J’adore vivre à Londres, il y a tellement de choses à faire. Lorsque la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir, j’aimerais devenir plus actif et continuer à pratiquer mes sports et à m’entraîner. Je souhaiterais aussi continuer à développer mes activités et à profiter de la vie. En 2024, les Jeux Paralympiques se tiendront à Paris, je serai donc entre Londres et Paris. Je suis aussi en train de produire un film en France et je veux continuer car je prends plaisir à raconter mon histoire. J’adorerais suivre une formation pour devenir acteur, il n’y a pas tant d’acteurs handicapés. Je veux défendre les minorités.

17. Pourriez-vous citer 3 choses qui sont importantes à vos yeux ?

La famille, la liberté et mon impact sur les gens/la société.

"La famille, la liberté et mon impact sur les gens/la société."

Michaël Jérémiasz

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